Deux présumés trafiquants d’animaux spécialisés dans le commerce de l’écaille de pangolins ont été interpellés le jeudi 30 juin 2022 à Guiglo, localité située à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Ces derniers ont été interpellés avec en leur possession 153 kilogrammes d’écailles de pangolins dissimulés dans 2 sacs. Cette arrestation a été possible grâce au fruit de la collaboration entre l’Unité de lutte contre la Criminalité Transnationale Organisée (UCT), la Direction de la Police forestière et de l’Eau du Ministère des Eaux et Forêts (DPFE-MINEF) et EAGLE-Côte d’Ivoire dont ils ont bénéficié l’assistance technique.
C’est en début de l’après-midi du jeudi 30 juin 2022 que les hommes de l’UCT, et de la DPFE-MINEF avec l’appui technique de EAGLE – Côte d’Ivoire, une ONG spécialisée dans la lutte contre le trafic des espèces animales sauvages protégées sont arrivées dans la ville de Guiglo où était retranchée l’un des trafiquants avec les écailles de pangolins. L’assaut a été mené au moment où ce dernier s’apprêtait à écouler son butin de chasse. Au total, 2 sacs d’écailles de pangolins ont été saisis, le tout d’un poids total de 153 kilogrammes.
L’interpellation faite, les éléments de l’UCT remontent de fil en aiguille pour interpeller deux heures plus tard, le propriétaire des écailles de pangolins saisies qui s’avère être son grand frère. Ce dernier vit au Libéria et fait venir les écailles en Côte d’Ivoire à moto grâce au premier interpellé qui vit à Guiglo et y stocke les écailles afin de les revendre à différents acheteurs, dont des asiatiques et des Nigérians.
Arrêtés, pour flagrant délit de détention, de circulation et de commercialisation illégale de produits fauniques, les prévenus ont été placés dans la foulée en garde à vue au commissariat de police de Guiglo. Après quoi, ils ont été déférés à la Section de tribunal de Guiglo le lundi 4 juillet 2022 et placés sous mandat de dépôt. Si les deux contrebandiers sont reconnus coupables, ils risquent une peine de prison allant de 2 à 12 mois assortie d’une amende de 3000 à 300.000 FCFA si l’on se réfère à l’article N°65-255 du 4 août 1965 relatif à la protection de la faune et à l’exercice de la chasse.
Une peine insignifiante si l’on compare la loi faunique ivoirienne à celles des pays comme le Cameroun, le Congo et la Guinée Conakry qui ont des peines alourdies à 5 ans de prison ferme avec des amendes conséquentes et prison à vie au Kenya. Il faut noter que la loi faunique actuelle en Côte d’Ivoire est en instance de révision, et devrait connaître un alourdissement des peines de prison et des amendes très prochainement.
C’est le lieu de rappeler que le pangolin est classé espèce sauvage intégralement protégée en danger d’extinction à la suite de la Cop CITES 2016. En janvier 2017, plus de 5 tonnes d’écailles ont été saisies au Cameroun avec l’assistante technique de l’Ong LAGA, la représentation locale du réseau EAGLE. Le 5 septembre 2018, ce sont plus de 8 tonnes saisies au Vietnamien, une cargaison qui provenait du Nigeria, le principal pôle d’attraction du trafic.
Il faut souligner que la Côte d’Ivoire fait partie également des pays d’Afrique de l’Ouest où le trafic d’écailles de pangolin bat son plein. En témoignent plusieurs saisies d’écailles de pangolin au cours de ces dernières années dans le pays. Trois (3) tonnes et 578 kg d’écailles du même animal avaient été saisis respectivement en juillet 2017 et en janvier 2018 où trois ressortissants asiatiques notamment un chinois, et deux vietnamiens ont été arrêtés. En avril 2022, c’est près de 328 kilogrammes d’écailles de pangolins dissimulés dans 11 sacs qui ont été saisis. Et cela, dans une vaste opération lancée par l’UCT avec l’appui technique du projet EAGLE-Côte d’Ivoire.
A noter que les résultats obtenus par la Côte d’Ivoire en termes de lutte contre le trafic des espèces protégées montrent que les autorités ivoiriennes intensifient leurs efforts pour éradiquer ce phénomène et faire appliquer la loi faunique.
Le pangolin reste l’animal sauvage protégé le plus braconné au monde entre demande de viande en Afrique, d’écailles pour des prétendus vertus thérapeutiques ou aphrodisiaques en Asie dont aucune science n’a confirmé. Pour rappel, les écailles de ce pauvre mammifère fourmilier sont constituées de kératine, la même protéine présente dans les ongles et les cheveux.